Le rêve de Martin Luther King 50 ans après

Cette conférence a été donnée à l’Espace Martin Luther King le jeudi 18 avril par le sociologue Jean-Claude Girondin.
Elle a été suivie d’un temps de dialogue avec le public.

Martin Luther King avait un rêve, un rêve d’humanité.

Plus qu’un rêve, nous dit le théologien suisse Serge Molla, il avait une vision prophétique.

Le projet de sa vie, la finalité de son message et de son combat c’était cette vision d’une nouvelle fraternité entre tous les hommes c’est-à-dire les Noirs et les Blancs en Amérique, mais au-delà entre tous les peuples et les nations du monde entier. Ce rêve d’une communauté mondiale, fondée sur la reconnaissance mutuelle et l’éradication de la guerre, de la pauvreté et du racisme était si important pour King qu’il y a consacré sa vie entière.

Il a vécu pour ce rêve. Et c’est pour ce rêve qu’il est mort à l’âge de 39 ans le 4 avril 1968 ! Le journaliste et théologien catholique Bruno Chenu lui rendant hommage « dit : Il y travaillé toute sa vie à son avènement ».

En 1968 au congrès annuel des rabbins américains, Abraham Heschel un ami et un soutien de King fit cette déclaration :

Où en Amérique aujourd’hui pouvons-nous entendre une voix telle que celle des prophètes d’Israël ? Martin Luther King est le signe que Dieu n’a pas oublié les États-Unis d’Amérique. C’est à nous que Dieu l’a envoyé. Sa présence donne une espérance à l’Amérique. Sa mission est sacrée, son leadership d’une extrême importance pour chacun de nous. Quand on considère l’État dans lequel se trouvent les pauvres en Amérique, nous sommes en bien mauvaise posture. Si nous sommes sourds à leur cri, cela revient à nous condamner nous-mêmes. Martin Luther King est « une voix, une vision, un chemin…

Cette affirmation d’Abraham Heschel résume en quelques mots l’essentiel de la dynamique de l’action de King. Il n’était pas seulement un prophète dont la voix nous fait entendre la justice de Dieu, ni un apôtre qui nous montre le chemin de la paix, non il était aussi et surtout un architecte, le bâtisseur d’une maison de paix. Rien d’étonnant que le rabbin Abraham Heschel nous dise c’est « tout l’avenir de l’Amérique qui dépend de l’impact et de l’influence du Dr King. »

Ce rêve d’une fraternité universelle signifie pour King que la différence de culture, de religion ou la couleur de la peau ne doivent pas être des obstacles du vivre ensemble c’est-à-dire des causes d’exclusion : « Je fais le rêve que les hommes, un jour, se lèveront et comprendront enfin qu’ils sont faits pour vivre ensemble comme des frères ». Dans ce projet les hommes et les femmes sont jugés sur leur caractère et respect de leur dignité humaine, leur valeur personnelle. Vivre comme des frères avec nos différences c’est le projet-Shalom de Dieu pour l’humanité. C’est pour cela que Dieu nous a créé.

Il a vu le reste du monde et l’Amérique comme un arc-en-ciel, c’est-à-dire une nation formée de nombreuses races, cultures, nationalités et crédos. L’Amérique est européenne, africaine et beaucoup plus encore. Ce « beaucoup plus » — formé d’Indiens, d’Asiatiques, de Latino-Américains — fais de ce pays une nation arc-en-ciel, pour reprendre l’expression de Jesse Jackson. Pour lui ce n’était pas un handicap, mais une force. Pour James Cone « Nous sommes un monde en miniature, une graine d’espérance affirmant que tous les hommes pourront vivre ensemble dans la paix, une paix basée sur la justice. Personne n’a mieux symboliser cette espérance que Martin Luther King ».

Dans sa terminologie Martin Luther King appelle ce rêve The Beloved Community que nous traduisons par l’expression la « Communauté Bien Aimée » pour nous expliquer et décrire sa vision. La communauté dont il rêve est une communauté d’hommes et de femmes égaux en tout. Un rêve, une vision où tous, Noirs et Blancs, sont invités à la « table de la fraternité » dressée par Dieu lui-même. Les murs, les barrières raciales érigées par l’orgueil et la haine des hommes, le racisme et l’indifférence sont renversés, l’amour-agapè règne dans une Totalité-Monde réconciliée, exempte d’injustice sociale, économique et politique parce que fondée sur le projet-shalom de Dieu. Voilà ce que King voulait vivre, partager et proclamer comme bonne nouvelle — comme mandat de réconciliation et de libération — à tous les hommes et les femmes de bonne volonté qui aspirent à l’amour, la paix et la justice. bien-aimée »

En résumé le rêve de Martin Luther King est une vision nouvelle de l’humanité ancrée sur ses convictions chrétiennes et annonçant une communauté humaine où toutes les différences pourraient être lues comme des richesses et non pas comme des oppositions qui cloisonnent continuellement la vie. La Communauté bien-aimée est une communauté régie par l’amour divin. Elle est caractérisée par l’interrelation des cultures. Une interaction culturelle où chacun trouve sa place et apporte quelque chose pour que l’ensemble soit riche et que tout le monde, chacun avec sa différence contribue au résultat final. Il s’agit d’un vivre ensemble de qualité.

Cette notion de communauté bien-aimé nous la retrouvons chez plusieurs auteurs qui ont étudiés la vie de King. Dans un ouvrage important où il compare King à cet autre leader noir américain du nom de Malcom X, James Cone théologien baptiste noir américain déclare : « Les êtres humains sont nés pour vivre et non pour mourir, pour la liberté et non pour l’esclavage, créés les uns pour les autres et non contre les autres. Il faut par conséquent, faire tomber les barrières qui séparent les gens. Il ajoute pour « Malcom X et pour Martin Luther King, pour l’Amérique et le monde et pour tous ceux qui ont offert leur vie dans la lutte pour la justice, n’ayons qu’un seul but de lutte, cette communauté bien aimée qu’est l’humanité. »

Dans ce même livre il dit et c’est important de le souligner « Dès son émergence jusqu’à ce qu’il devienne une figure nationale et internationale pendant le boycott des bus de Montgomery, Blancs et Noirs, le considèrent comme le symbole du « nouveau Noir », déterminé à se libérer des entraves de la ségrégation et du racisme. L’intégration et la « communauté bien-aimée » deviennent les buts de la lutte noire, et la non-violence et l’amour les moyens pour y parvenir.

Quel que soit l’importance du nationalisme pour la lutte noire, il ne peut être le but ultime. La communauté bien-aimée doit rester l’objet principal Pour lequel nous luttons. Sur ce point King a raison : Nous sommes liés les uns aux autres, non seulement les Noirs avec les Noirs ou les Blancs avec les Blancs, ou les Coréens avec les Coréens, mais tous les peuples aux États-Unis et dans le monde ne forment qu’une seule famille humaine appelée à vivre ensemble dans la liberté. Nous devons apprendre à vivre ensemble comme les frères et des sœurs respectant l’histoire culturelle de l’autre sinon nous périrons ensemble comme des insensé.

John Robert Lewis, né le 21 février 1940 

Pour sa part Lewis, qui fut à l’âge de vingt-trois ans la personne la plus jeune à prendre la parole lors de la Marche sur Washington en 1963 « La démocratie n’est pas un état de choses. C’est un acte. C’est une série d’actes que nous devons faire pour construire ce que Martin Luther King a appelé la communauté bien-aimée, c’est-à-dire une société fondée sur la justice qui accorde de l’importance à la dignité et à la valeur de tout être humain.

Nous entrevoyons déjà à travers les mots de ces deux théologiens Bruno Chenu et James Cone ainsi que John Lewisque ce rêve d’humanité était la substantifique moelle de la pensée de King. Ainsi lorsque nous réduisons l’action de King à la justice et à la non-violence nous passons à côté de l’essentiel. Quand nous voyons dans l’élection de Barak Obama en 2008 l’accomplissement du rêve de King, là aussi nous faisons fausse routeou manquons de clairvoyance. La non-violence, la lutte pour la justice et la paix étaient pour King un chemin, un moyen, mais jamais une finalité en soi.

Représentant de la Géorgie, John Lewis a fait remarquer que, même si l’investiture de M. Obama illustrait la puissance du rêve de Martin Luther King et des promesses des États-Unis, son rêve n’était pas encore réalisé.

  1. Les valeurs de la Communauté bien-aimée

Lorsque King parle de la « Communauté bien-aimée », il met en exergue quatre valeurs essentielles qui la caractérisent : l’amour, le Shalom c’est-à-dire la justice et paix, le respect de la dignité humaine, le pardon et la réconciliation. Ce sont là les fondations morale de cette nouvelle communauté cosmopolite. Et grâce à ces valeurs morale la communauté bien-aimée dont parle King sera capable d’agrandir élargir son âme et l’espace de sa tente pour accueillir les opinions, la culture, et le destin de ceux que nous ne voyons pas, proches, lointains ou absents, comme de ceux qui ne pensent pas comme nous : « nouvelle frontière, nouvelle ère, nouvelle fraternité des races ».

L’amour : la beauté dans nos relations

De façon absolue, King voit l’amour comme le premier élément constitutif de la « Communauté bien-aimée ». Il fonde toute sa rhétorique théologique sur le pouvoir rédempteur de l’amour en vue du triomphe du Bien : « Et lorsque nous découvrirons le pouvoir de l’amour, nous serons capables de transformer ce vieux monde en un mode nouveau. » Dans La Force d’Aimer, il n’hésite pas à dire : « Je suis convaincu que l’univers est contrôlé par un dessein d’amour et que dans le combat pour la justice l’homme a une compagnie cosmique. Derrière les apparences rudes du monde se cache une puissance bienveillante. » C’est le thème qu’il évoque et traite le plus avec celui de la justice. « Dieu a deux bras étendus, nous dit-il. L’un est assez fort pour nous entourer de justice, l’autre est assez doux pour nous entourer de grâce. Assez dur pour transcender le monde et assez tendre de cœur pour y vivre. »

Dans ses sermons, il souligne toujours l’importance, la puissance et l’intensité de cet amour de « Dieu opérant dans le cœur humain », qui transforme l’homme et l’invite à se dépasser. Suivre Jésus à la lumière du Sermon sur la Montagne, comme l’indique Martin Luther King, c’est nécessairement se situer dans une dimension nouvelle, l’adoption d’un nouveau style de vie, un véritable dépassement pour vivre ensemble Se par-delà les préjugés sociaux et raciaux et transcender les frontières. Jésus nous invite à adopter d’emblée une attitude « autre« , qui va beaucoup plus loin, qui peut nous sembler de la « folie », de « l’utopique », de « l’irréalisable ». Autant d’attitudes qui vont au-delà d’une égalité ou d’une justice sociale simplement humaine.

Mais Martin Luther King n’est pas parvenu à cette foi sans réflexion et travail sur soi. À la recherche d’une théologie voire d’une philosophie et d’une méthode compatibles avec sa foi, King croisera la pensée du Mahatma Gandhi, dont il étudiera la vie et les enseignements et qui vont non seulement le captiver par ses campagnes de résistance non violente, mais aussi le convaincre. C’est ainsi que dans son cheminement personnel et spirituel de militant il découvre le concept gandhien de satyagraha, « satya » est la vérité qui correspond à l’amour et « graha » est la force ; satyagraha signifie « vérité-force » ou « amour-force ». Cette notion prit pour lui une signification intime et profonde. Il lui permit aussi de comprendre que la doctrine chrétienne de l’amour enseigné par Jésus dans le Sermon sur la Montagne est l’équivalent dynamique du satyagraha, qui « mis en œuvre par la méthode gandhienne de la non-violence, est une des armes les plus puissantes dont puisse disposer un peuple opprimé pour sa liberté. » Il confesse que « ce principe devint l’école directrice de notre mouvement. Il déclare alors : « Le Christ donnait l’esprit, la philosophie et la motivation et Gandhi fournissait la méthode. 

En recourant à la langue grecque pour clarifier ses idées, il décline trois acceptions de l’amour. La première, l’amour éros, sorte d’amour esthétique ou romantique. La deuxième, l’amour philia, c’est l’affection entre amis. Et la troisième, c’est l’amour agapè qu’il qualifie de « bonne volonté compréhensive, créatrice, rédemptrice envers tous les hommes. » Cet amour ne tolère pas la discrimination entre les hommes et les femmes, les Noirs et les Blancs, les riches et les pauvres, les personnes dignes et indignes. « À ce niveau, nous aimons les hommes non pas parce qu’ils nous plaisent, non pas parce que leurs façons nous attirent, non pas même parce qu’ils possèdent quelque chose de l’étincelle divine ; nous aimons chaque homme parce que Dieu l’aime. Autrement, nous aimons la personne qui nous fait du mal, tout en haïssant le mal qu’il nous fait ». L’amour-agapècommence par aimer les autres pour leur bien et ne fait aucune distinction entre un ami et un ennemi ; ilest tourné vers les deux… Il est l’amour qui cherche à préserver et à créer une « communauté », une fraternité entre les humains en détruisant les barrières et les inimitiés raciales.

L’amour-agapèestcet amour qui voit les autres avec les yeux de l’éternité est plus que de la sympathie, « un sentiment d’affection ». L’amour dont Jésus parle dans le Sermon sur la Montagne, nous dit King, est un amour qui me rend capable d’aimer celui qui bombarde mon foyer, m’exploite, m’écrase sous l’injustice. Métaphoriquement, il est la lumière qui chasse les ténèbres et spirituellement, la force qui m’aide jour et nuit à résister et accepter celui qui menace de me tuer et à qui, dans la force et l’humilité, j’oppose l’amour face à sa haine, sa violence et sa brutalité.

Dans son sermon en 1963, « Aimer vos ennemis », publié dans La Force d’Aimer, King a évoqué le rôle primordial et inconditionnel de l’amour-agapè dans la lutte pour la réalisation de « Communauté bien-aimée ». Ainsi, forts de cet amour, nous utiliserons « chaque once de notre énergie, intelligence et émotion pour délivrer la société du cauchemar du racisme, de l’oppression et de la ségrégation. Toutefois, nous rappelle l’apôtre de la paix, « nous n’abandonnerons pas en chemin notre privilège et notre obligation d’aimer. En abhorrant la ségrégation, nous aimerons les ségrégationnistes. Il n’y a pas d’autre façon de créer la communauté bien-aimée. »

2.      Le Shalom : justice et paix

La deuxième valeur fondamentale de la « Communauté Bien-aimée » dans la théologie de King, c’est la justice, «l’autre bras de Dieu ». « L’amour est l’un des pivots de la foi chrétienne, dit King. Il y a un autre aspect appelé justice. Se tenir du côté de l’amour c’est toujours se tenir du côté de la justice (…). » La résistance non-violente se fonde sur la certitude que l’univers est maintenu par le gouvernement universel et providentiel de Dieu, lui-même régi par une loi de justice. L’action de King comme pasteur est tournée contre la pauvreté économique, l’oppression raciste et la violence, et est empreinte d’un certain prophétisme social. Il était aussi convaincu qu’une des missions primordiales de l’Église est d’être « une voix prophétique » dans le monde pour dénoncer l’injustice et combattre l’oppression, la pauvreté et la violence.

King s’inspire inlassablement du prophétisme biblique. Il fait référence à plusieurs prophètes de l’Ancien Testament comme Esaïe, Jérémie, Amos, etc. Mais lorsque King parle de la justice il y a un verset qui est omniprésent et semble jouir d’une préférence spéciale ; c’est Amos 5. 24 « Que le droit jaillisse comme un cours d’eau, et la justice comme un torrent qui n’arrête jamais de couler ! ». Amos 5. 24 revient constamment dans ses discours et prédications, à la fois comme le refrain d’une chanson, d’un poème, le leitmotiv d’un roman et le thème d’une partition musicale, soulignant la justice comme l’une des valeurs intrinsèques et fondamentales de la « Communauté bien-aimée ».

Dans la « Communauté bien-aimée » la justice est aussi une expression de l’amour-agapè. Non-discriminative, elle n’est pas pour un groupe d’opprimés, mais pour tous. Pendant toute ma carrière dans le mouvement pour les droits civiques j’ai été soucieux d’assurer la justice pour tous. Par exemple, je pense fortement que nous ne devons pas seulement mettre fin à la pauvreté chez les Noirs, mais aussi chez les Blancs. De même, j’ai toujours insisté sur le besoin d’assurer la justice pour tous dans le monde entier, car la justice est indivisible. Et l’injustice, où qu’elle se produise, est une menace pour la justice partout. Je ne resterai par inactif quand je vois se dérouler une guerre injuste sans diminuer en aucune façon mes activités au service des droits civiques, tout comme le font des millions de noirs et de blancs, au jour le jour.

Oui, se tenir du côté de l’amour, c’est toujours se tenir du côté de la justice et King l’atteste dans sa lettre de Birmingham et, aux responsables religieux qui le traitent de fauteur de trouble, il répond : « Toute injustice, où qu’elle se produise, est une menace pour la justice partout ailleurs. Nous sommes pris dans un réseau de relations mutuelles auquel nous ne pouvons échapper ; notre destinée commune est un vêtement sans couture. Ce qui affecte directement l’un de nous nous affecte tous indirectement. »

Ce texte capital d’Amos 5.24 permet d’affirmer qu’il considérait la justice comme une qualité intrinsèque de la « Communauté bien-aimée ». Le droit et la justice sont les devoirs moraux qui l’ornent et l’embellissent. Quand il dévoile son rêve d’humanité le 28 août 1963, il affirme : « Non, non, nous ne sommes pas satisfaits, et nous ne serons pas satisfaits tant que le droit ne jaillira pas comme les eaux et la justice comme un torrent intarissable. » Soucieux de justice dans son discours « Et maintenant où allons-nous ? », il déclare « Nous ne sommes pas satisfaits, tant que dans chaque hôtel de ville le droit ne jaillira pas comme les eaux et la justice comme un torrent intarissable. »

Dans ses écrits, on constate d’une part une dénonciation de l’injustice dans la société américaine et d’autre part une critique ferme des Églises tant blanches que noires pour leur silence et leur inertie contre le mal et l’indifférence à l’égard des pauvres et des Noirs. « La voix de l’Église contemporaine est souvent faible, inefficace et incertaine. » Des propos que peuvent illustrer deux citations tirées de la Lettre aux chrétiens d’Amérique.

La première est une critique du capitalisme qu’il compare au communisme, fondé sur le relativisme éthique, un matérialisme métaphysique inacceptable aux yeux du chrétien.

Le mauvais emploi du capitalisme peut aussi conduire à une exploitation tragique. Cela s’est bien souvent produit dans votre nation. Je me suis laissé dire qu’un millième de la population contrôle plus de 40% de la richesse. Ô Amérique, que de fois tu as pris le nécessaire aux masses et accordé le superflu aux privilégiés ! Si tu veux vraiment être une nation chrétienne, tu dois résoudre ce problème (…). Tu peux travailler dans un cadre démocratique pour améliorer la distribution des richesses. Tu dois employer tes puissantes ressources économiques à éliminer la pauvreté de la terre. Dieu n’a jamais voulu qu’un seul peuple vive dans une richesse superflue et excessive alors que les autres ne connaissent qu’une pauvreté abjecte et mortifère. Dieu désire que tous ses enfants jouissent des premières nécessités de la vie, et, précisément dans ce but Il a mis en ce monde plus que le nécessaire. C’est pourquoi je t’exhorte fermement à combler ce fossé entre pauvreté abjecte et richesses superflues.

La deuxième citation, aussi très intéressante et incisive, est une critique de la religion d’évasion où il affirme avec conviction :

(…) un prédicateur doit avoir le souci de l’être humain tout entier. Pas seulement de son âme, mais de son corps. C’est très bien de parler du ciel ; je le fais, car je crois fermement en l’immortalité. Mais il faut parler de la terre. C’est très bien de parler d’une longue robe blanche que nous revêtirons là-haut, mais je veux avoir de quoi m’habiller et me chausser dès ici-bas. C’est très bien de parler du pays où coulent le lait et le miel au ciel, mais ici-bas je veux avoir à manger. C’est même très bien de parler de la Nouvelle Jérusalem, mais il va falloir un de ces jours nous mettre à parler de la nouvelle Chicago, de la nouvelle Atlanta, de la nouvelle New York, de la nouvelle Amérique. Toute religion qui proclame son souci des âmes, sans se soucier des taudis qui dégradent les âmes, des conditions économiques qui les paralysent et des autorités locales qui peuvent les perdre, est une religion stérile et morte, une religion bonne à rien, qui a besoin de sang neuf.

À cause de toutes ces injustices raciales, politiques et économiques, il affirme en citant son texte favori « Oui, Amérique, la voix prophétique d’un Amos reste nécessaire : que le droit jaillisse comme les eaux et la justice comme un torrent intarissable. »

3.      Le respect de la dignité de la personne humaine

Ainsi la troisième caractéristique de ce monde nouveau, c’est qu’il repose sur l’idée fondamentale que tous les hommes sont créés à l’image de Dieu. Nous avons dit que Martin Luther King avait un rêve d’humanité, la « Beloved Community » et que le rêve dont il parle, c’est au départ, le rêve de Dieu lorsqu’il créa Adam et Ève pour cultiver et garder le jardin (Gn 1-2). Ce rêve brisé par leur désobéissance (Gn 3) n’a pas été abandonné par Dieu, car « Dieu ne se repent pas de ses dons et de ses appels » (Rm 11.29). À travers l’œuvre de la rédemption, le rêve se poursuit, reprend vie, trouve souffle et mouvement dans le second Adam, Christ pour la création d’un « monde nouveau ». Un monde « recréé », une nouvelle humanité en Christ où les questions de « races » et de cultures ne sont plus des obstacles pour le vivre ensemble (Éph 2.13-22). La « Beloved Community » est par essence le rêve d’un monde nouveau, une Communauté de communautés, un peuple composé de tous les peuples avec des valeurs spirituelles et humaines.

Le lecteur attentif aura remarqué que nous faisons abondamment référence à l’expression « rêve d’humanité » sur laquelle nous insistons, car dans la pensée de King, la notion d’humanité fondée sur l’imago Dei, est un concept éminemment important. C’est la raison pour laquelle « Beloved Community » et rêve d’humanité sont interchangeables.

Lorsque Martin Luther King pensait ou parlait de la « Communauté bien-aimée », il pensait à l’enseignement de la parole de Dieu sur l’image de Dieu en Genèse chapitre 1 verset 26. L’imago Dei luiservait de point archimédien pour penser la « Beloved Community ». Il pensait également à la constitution des États-Unis fondée sur un rêve du 4 juillet 1776 : « Nous tenons pour évidentes pour elles-mêmes les vérités suivantes : tous les hommes sont créés égaux ; ils sont doués par le Créateur de certains droits inaliénables ; parmi ces droits se trouvent la vie, la liberté et la recherche du bonheur. »

Finalement il avait aussi en mémoire toutes les injustices subies par les Noirs pendant des siècles d’esclavage et de ségrégation alors que la constitution disait : « Les gouvernements sont établis parmi les hommes pour garantir ces droits, et leur juste pouvoir émane du consentement des gouvernés. » S’il avait été Français, M.L. King aurait cité et interrogé de façon radicale la devise de la République française (et Haïtienne) « Liberté, Égalité, Fraternité » comme Aimé Césaire qui déclare : « Il y a une civilisation française autour de laquelle nous ne nous retrouvons pas pleinement. Elle n’a pas été faite pour nous. Liberté ? Oui. Égalité ? À peu près. Fraternité ? Difficile à réaliser. »

Les hommes sont égaux et d’égale dignité parce que créés à l’image de Dieu et pour celui qui regarde les autres avec les yeux de l’éternité, avec l’amour agapè, il n’y a pas de « sous-hommes ». Une vérité que les esclaves Noirs ont découverte en voyant dans le Christ celui qui devient le frère de l’esclave ou du Noir rejeté, méprisé, lui offrant la possibilité de s’accepter et de reconnaître sa propre humanité. En 1968, Martin Luther King est convié par l’Association Nationale pour la Promotion des Hommes de Couleur (NAACP) fondée en 1909 par Web Dubois à participer à la grève de mille trois cents éboueurs noirs de la ville Memphis, sur les bords du Mississippi. Ils défilent en silence avec des pancartes « I am a man », affirmant et réclamant ainsi la reconnaissance de leur humanité. » « Je suis un homme », voilà le cri d’humanité qui permet à ceux qui appartiennent à la « Beloved Community » de se mettre « debout et libres » pour reprendre une expression d’Aimé Césaire et de soulever le monde. C’est le premier droit que vont conquérir les esclaves noirs en devenant chrétiens. Manning Marable écrit « La figure du Christ, fit pour l’esclave ce que le maître ne put jamais faire : reconnaître son humanité. Le Christ consola les esclaves lorsque leurs enfants furent vendus ou fouettés. Il leur permit de s’aimer et même de pardonner les péchés de leurs oppresseurs. »

Voici une histoire très intéressante qui illustre éloquemment que le christianisme a été pour les Noirs une religion de contestation et transformation spirituel et sociale à la fois personnelle et collective. C’est le récit d’une grand-mère, ancienne esclave, à ses petits-enfants, au début du XXe siècle, au moment où la migration vers les villes américaines procurait plus de désillusions que de promotion sociale (formation des ghettos) :

Une ou deux fois par an, le maître de la plantation permettait à un esclave prédicateur d’une plantation voisine de venir prêcher à ses esclaves. Selon une vieille tradition, le prédicateur faisait toujours culminer son sermon dans l’évocation dramatisée de la crucifixion et de la résurrection de Jésus. Il insistait sur l’agonie dans le Jardin de Gethsémani et décrivait Jésus suspendu à la croix ; il recréait les sept dernières paroles du Christ et l’image de sa mère Marie se tenant au pied de la croix ; il visualisait le soleil s’obscurcissant et les soldats paralysés de peur au tombeau vide. Le prédicateur était épuisé, mais son assemblée se sentait grandie et ragaillardie pour affronter la semaine suivante. À la fin de son sermon il marquait un temps d’arrêt et fixait son regard sur chaque visage. Alors il leur disait avec toute la force dont il était capable : « Souvenez-vous, vous n’êtes pas des nègres ! Vous n’êtes pas des esclaves ! Vous êtes les enfants de Dieu ! »

L’anthropologie de King est fondée sur la doctrine chrétienne de l’homme de l’imago Dei qui donne à l’homme son caractère unique, sa valeur ultime et sa dignité. Une doctrine qui remonte dès les premiers versets du Livre des origines : « Faisons l’homme à notre image, à notre ressemblance ! Qu’il domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur le bétail, sur toute la terre et sur tous les reptiles qui rampent sur la terre.» 27 Dieu créa l’homme à son image, il le créa à l’image de Dieu. Il créa l’homme et la femme. » Genèse 1.26-27 Et s’instruit aussi des paroles magnifiques du Psaume 8 : « Qu’est-ce que l’homme, pour que tu te souviennes de lui, et le fils de l’homme, pour que tu prennes soin de lui ?» 6 Tu l’as fait de peu inférieur à Dieu et tu l’as couronné de gloire et d’honneur. 7 Tu lui as donné la domination sur ce que tes mains ont fait,  tu as tout mis sous ses pieds… » (8.5-6).

Fort de ces textes on peut dire avec le théologien, John Stott que  : « Le mal inhérent à l’esclavage, comme au racisme en principe, est qu’il détruit ou nie la dignité d’homme créé à l’image de Dieu. » À partir de cette notion d’image de Dieu, King dégage l’idée du caractère transcendant, unique et sacré de toute vie humaine dont nous devons respecter la valeur et la dignité.

D’abord parce que « l’universalisme large qui est au cœur de l’Évangile rend injustifiables la théorie et la pratique de la ségrégation raciale qui nie de façon flagrante l’unité que nous avons en Christ » Ensuite second, la diversité dans la création (Tout-Monde) n’est pas un accident par conséquent nous devons respecter et valoriser cette diversité « Nous ne serons pas satisfaits tant que l’intégration raciale sera considérée comme un problème et non comme une chance donnée à la beauté qui résulte de la diversité » La diversité est ce qui enrichit et embellit l’humanité et l’Église et non ce qui les défigure, déforme et les dégrade, car il n’y pas de « gradation dans l’image de Dieu ». Enfin dernière affirmation de King tirée à partir de son anthropologie c’est que l’humanité est une et diverse. Ce qui la constitue fondamentalement c’est l’harmonie, l’interdépendance à cause de notre comm’une humanité. « Nous sommes liés par l’unique vêtement de la destinée, pris dans le réseau inévitable de la réciprocité. Et ce qui touche directement l’un affecte directement l’autre. » « Une injustice commise quelque part est une menace pour la justice dans le monde entier » Une affirmation que pointe le théologien barthien Jean Bosc lorsqu’il dit : « Je suis tandis que tu es » est la seule façon pour que ce que je suis ait une plénitude d’humanité. Oui, c’est ainsi que Dieu dans sa souveraineté a créé l’univers, c’est de cette manière qu’il l’a structuré et lui a donné sens. Ainsi la « richesse de l’un est toujours le résultat de la richesse commune. » C’est cette interrelation culturelle que l’écrivain martiniquais Édouard Glissant appelle la créolisation des cultures, une culture où chacun trouve sa place et apporte quelque chose pour que l’ensemble soit riche et que tout le monde, chacun avec sa différence, puisse contribuer au résultat final.

4. Les conditions de l’avenir : le pardon et la réconciliation

Une des dimensions importantes de l’action de King c’est la paix entre les hommes, la réconciliation. Lors du rassemblement de jeunes qui conduisit à la création du Comité de Coordination Non-violent des Étudiants (SNCC) il déclare: « On doit affirmer très clairement que la résistance et la non-violence ne sont pas bonnes en soi. Il faut ajouter un autre élément à notre lutte, ce qui leur donne un sens : la réconciliation. Notre but final doit être la Communauté bien-aimée » M.L. King n’était pas un optimisme béat, mais un homme d’expérience profondément réaliste dans la manière de concevoir l’Église et la société. Cela restait pour lui un objectif réaliste et réalisable dès lors que l’Église se convertissait à la philosophie et aux méthodes de la non-violence, que les disciples de Jésus prenaient au sérieux l’enseignement du Sermon sur la Montagne d’imiter Christ. Lorsque Jésus disait ‘‘Aimez vos ennemis’’, il n’ignorait en rien les exigences de ce commandement. Il donnait tout leur sens à chacun de ses mots. Notre responsabilité de chrétien est de découvrir la signification de ce commandement et de chercher avec passion à le vivre en plénitude dans nos vies quotidiennes. »

La « Communauté bien-aimée » est incontestablement, une communauté d’amour, de justice, de paix et d’harmonie. Mais est-elle n’est pas exempte désaccord, de conflits ? Non, loin sans faut. Bernhard Ott théologien mennonite nous rappelle que nous vivons une grande tension entre promesse et accomplissement. En tant que réalité universelle le Royaume de Dieu n’est pas encore. Parce que le péché existe à chaque niveau de l’existence humaine, la mort d’une tyrannie est suivie de l’apparition d’une autre. Le Tout n’est pas péché, mais il est marqué par le péché. Ainsi, souligne King, nous cheminons et tâtonnons entre un « optimisme superficiel » et un « pessimisme paralysant » que nous devons éviter avec courage.

En Père toujours aimant, Dieu œuvre dans l’histoire pour le salut de sa création, de ses créatures en général et de ses enfants en particulier. Ainsi quand nous luttons pour vaincre les forces du mal le Dieu de l’univers est là et combat avec nous. La victoire sur le mal c’est à la fois le combat incessant des hommes et la lutte de la puissance de Dieu. Avec Ott, nous rendons grâces à Dieu, confessons et proclamons :

Dieu nous a donné une grande vision : nous avons son Projet Shalom devant les yeux. Son Royaume va venir. Nous allons vers une nouvelle création. Les rêves et les espérances de Martin Luther King sont tout à fait justifiés. Mais la réalité est tout autre. Le chemin est encore long ; souvent, ce qui est promis ne se révèle d’abord qu’avec faiblesse et modestie — comme le fils unique d’Abraham. Mais l’alliance de fidélité de Dieu reste valable. On peut être sûr qu’il va mener à bien son projet avec les hommes, c’est pourquoi nous sommes invités à rester fidèlement en route avec Lui.

En effet, même si tout progrès est aléatoire dans l’économie du péché, un réel progrès social et spirituel peut être accompli. Le pèlerinage moral de l’homme ne peut jamais atteindre son achèvement final ici-bas, mais ses efforts constants peuvent le rapprocher toujours plus près de la cité de justice et de paix. Bien que le Royaume de Dieu ne puisse pas encore se traduire dans l’histoire en réalité universelle, il existe dans le présent et sous des formes isolées et imparfaites, des signes de ce Royaume à travers l’engagement et la vie personnels et collectifs de certains groupes de chrétiens, car Jésus a dit « le Royaume de Dieu est au milieu de vous ».

Dans la « Communauté bien-aimée » les conflits interpersonnels, interethniques ou internationaux existent à cause de l’infirmité de l’intelligence et la faiblesse du vouloir. Mais ils peuvent être résolus de manière pacifique avec les adversaires, la puissance de l’amour, du pardon et de la réconciliation prévalant sur la force et le pouvoir de la violence. King reconnaissait les conflits comme partie inévitable de l’expérience humaine, comme « tensions créatrices ». « Notre programme d’action directe veut créer un état de crise dans le seul but d’ouvrir des portes aux négociations ». Dans l’esprit de King, l’amour et la confiance triomphent de la peur et de la haine. Le racisme, toutes les formes de discrimination, le fanatisme et les préjugés sont remplacés par un esprit de fraternité. Et sur le plan international, la paix et la justice l’emportent sur la guerre et le conflit militaire.

Se convertir au projet de Dieu, à la vision de la « Communauté bien-aimée », c’est vivre la réconciliation et œuvrer la réconciliation en imitant le Christ Jésus (Mt 5.48 ; Lc 6.46).

Les chrétiens sont le signe de la présence du Dieu de paix et réconciliateur dans ce monde, le signe du Royaume qui est et qui vient (Jn 13. 34-35 ; 17.21), un peuple agent de réconciliation. Nous sommes les ambassadeurs du Christ, nous dit Paul, et nous annonçons et aspirons à vivre ce message de réconciliation, entre nous d’abord, afin d’être véritablement un signe de réconciliation parmi les hommes. Voilà la vocation prophétique de l’Église.

Lorsque l’amour-agapè fait irruption dans notre cœur et l’irrigue, il l’incline nécessairement vers le pardon et la réconciliation. « Pardonner signifie se réconcilier, se retrouver ». Dans la « Communauté bien-aimée », le pardon est un catalyseur qui crée l’ambiance nécessaire pour un nouveau départ, un recommencement. Il permet à un acte mauvais de ne pas être un obstacle aux relations. Il a une dimension créatrice. « Le pardon est un acte créateur, recréateur et libérateur qui ouvre un avenir nouveau, un avenir non déterminé par le passé. Il vient casser le cercle vicieux de la violence. » dit Jean Monbourquette. Le philosophe et théologien Jonathan Sacks, grand rabbin de Londres, affirme que « la justice redresse les torts, le pardon reconstruit les relations brisées ».

Conclusion

Selon John Robert Lewis, le discours de Martin Luther King a inspiré toute une génération appartenant à diverses religions, races et cultures à croire qu’elle avait le pouvoir, la capacité de faire de ce rêve une réalité.


« Ce soir, a-t-il indiqué, nous sommes réunis dans ce stade magnifique de Denver parce que nous avons encore un rêve. » L’investiture de M. Obama montre que ce rêve est encore dans le cœur de tous les Américains. « Toutefois, cette nuit n’est pas un achèvement. Elle n’est pas plus un commencement. C’est la continuation d’une lutte qui a commencé il y a des siècles. »

« Nous venons de loin, mais il nous reste une grande distance à parcourir. Nous venons de loin, mais nous devons marcher de nouveau. Le 4 novembre, nous devons marcher dans tous les États, dans toutes les villes, dans tous les villages et dans tous les hameaux ; nous devons marcher vers l’urne électorale. Nous devons marcher comme nous n’avons jamais marché, afin d’élire le prochain président des États-Unis, le sénateur Barack Obama. »

Si nous voulons poursuivre le rêve de Martin Luther King nous devons être une Communauté qui incarnant les valeurs de l’Évangile, c’est-à-dire l’amour, le Shalom (la justice et de paix), le pardon et la réconciliation.

Le pasteur M.-L. King a interpellé les chrétiens particulièrement contre le conformisme et la peur du changement. Nous ne devons pas être des thermomètres qui indiquent la température de la majorité, mais des thermostats qui transforment et règlent la température de la société« . Aux chrétiens il est rappelé qu’ils doivent se conformer non au monde, mais aux préceptes de Jésus-Christ.

Si nous voulons que ce rêve devienne une réalité pour aujourd’hui « Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, au risque sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots. Martin Luther King

Prière d’action de grâce d’un esclave-prédicateur :

Seigneur, nous n’sommes pas c’que nous devrions être, 
nous n’sommes pas c’que nous voudrions être, 
nous n’sommes pas c’que nous serons. 
Mais, grâce te soient rendues : 
nous n’sommes pas c’que nous étions »

Conférence donné par Jean-Claude à l’Espace Martin Luther King (Champs sur Marne), le 18 avril 2019.

Cette conférence est une adaptation du livre de Jean-Claude Girondin, Martin Luther King : le rêve de la « Communauté bien-aimée » (Dossier de Christ Seul 2/2018, Éditions Mennonites, 88 pages).

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